Monsieur Malaussène au théâtre

« Monsieur Malaussène au Théâtre »

de Daniel Pennac

Mise en scène : Nadine Jadin-Pouilly

Lumières : Luc Souche, Max Clemente

Son : Joël Larguier

Régie : Dominique Matarin / Bernard Matarin

 

" Ne jamais investir dans la promesse du plaisir, Benjamin ;

tout de suite ou pas du tout ! "

Julie Malaussène.

 

Le mot de la Metteuse en Scène :

Où il est question du mot écrit comme une trace indélébile

Où il est hors de question de tricher avec le mot

Juste essayer de tisser avec la complicité de l’acteur la trame de l’émotion, des émotions

Où il est question du dépouillement de l’espace scénique afin de laisser vie aux dix-neuf personnages interprétés par un seul comédien

Nadine Jadin-Pouilly

 

Des romans à la scène :

Que les lecteurs de Daniel Pennac se réjouissent, le romancier a eu envie de théâtre. Et voilà Benjamin Malaussène qui prend chair et convoque tour à tour sur la scène de son théâtre intérieur les personnages de sa tribu et de Belleville (Jérémy, Le Petit, C’Est Un Ange, La reine Zabo, Verdun, Julius…).

Daniel Pennac a choisi d’écrire « Monsieur Malaussène au théâtre » pour un acteur seul interprétant 19 personnages… et un chien.

C’est en fait une adaptation des 4 premiers romans de la « saga Malaussène » : « Au bonheur des ogres », « La fée Carabine », « La petite marchande de prose » et « Monsieur Malaussène » dans laquelle l’auteur nous invite à ses réflexions sur les thèmes récurrents de ces romans dans un style tout aussi jubilatoire mais cette fois plus nerveux, plus incisif, répondant aux prérogatives du genre.

Cette pièce n’est pas, bien sûr, le résumé de ces quatre romans. L’auteur se sert de leurs intrigues pour présenter les personnages et les faire vivre autour de l’idée principale de la pièce : les neuf mois d’odyssée d’un fœtus pas comme les autres, les réflexions coupables - forcément « coupables » ! - de son futur père, Benjamin Malaussène, bouc émissaire de profession et responsable de tribu qui plus est !

Il est tout à fait possible, bien entendu, de suivre cette épopée sans avoir lu auparavant les romans dont elle s’inspire. L’histoire s’appréhende alors de façon linéaire et l’on se laisse emporter par un tourbillon, ne sachant pas toujours si l’on est encore spectateur ou si, tout à coup, on fait partie intégrante du décor, de cette histoire qui parle de nous plus qu’à nous.

Si l’on a lu les romans précédemment cités, on replacera tel un puzzle les événements de la pièce dans leur contexte initial.

 

Là encore, Daniel Pennac réussit à donner à ses lecteurs, et maintenant à ses spectateurs, le choix du positionnement, refusant de les installer trop confortablement dans leur fauteuil, les surprenant, les prenant à parti, les faisant passer par des émotions contradictoires, les prenant comme toujours au piège de leur jugement - la complexité des êtres n’admettant pas le caractère définitif du jugement - organisant avec eux le sentiment qu’ils garderont de ce spectacle.

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